L’Argentine plonge dans la pauvreté

Depuis l’arrivée de Javier Milei à la tête du pays, fin 2023, et la mise en place d’une sévère politique d’austérité, près de 3,4 millions d’Argentins sont passés sous le seuil de pauvreté

Cela faisait plus de vingt ans que de tels niveaux n’avaient pas été atteints. Mais les derniers chiffres de l’Institut national de statistiques et recensement (Indec) sont formels : en moins d’un an, le niveau de pauvreté en Argentine est passé de 41,7 % au second semestre 2023 à près de 52,9 % pour le premier semestre 2024.

Un niveau équivalent à celui du Venezuela confronté depuis huit ans à une crise économique et financière majeure.
L’arrivée au pouvoir du libertarien Javier Milei en décembre 2023 a considérablement secoué l’économie. Afin de remettre le budget à l’équilibre et de ralentir une inflation annuelle à trois chiffres (la hausse des prix s’est élevée à
133 % en 2023), le président argentin a mis en place une thérapie de choc et a entamé une sévère politique d’austérité.
Dévaluation de moitié de la valeur du peso, réduction du budget des universités, licenciement de milliers de fonctionnaires, baisse des subventions à l’énergie… l’extravagant Javier Milei a passé à la tronçonneuse tous les services publics.

Depuis le mois de janvier, les manifestations d’opposition se sont multipliées et ont réuni plusieurs millions de personnes.
Mais les résultats sont vite arrivés : dès le mois de mars, le pays a réussi à dégager un excédent budgétaire pour la première fois depuis 2015.En avril, l’inflation mensuelle est passée sous la barre des 10 % pour tomber à 4,2 % en août.

Les retraités touchés

Si la politique ultralibérale de Javier Milei a montré quelques bons résultats, le PIB s’est contracté de 3,2 % au premier semestre et le chômage a augmenté pour s’établir à 7,7 %.
La récession s’est installée et le niveau de vie des Argentins est en chute libre. Désormais, plus de la moitié de la population dispose de moins de 237.000 pesos (près de 240 dollars) pour vivre par mois, selon l’Indec.
Dans certaines localités comme à Gran Resistencia dans le nord du pays, le niveau de pauvreté a même atteint 76,2 %.
Au niveau national, l’extrême pauvreté, définie par la capacité à pouvoir acheter un panier alimentaire mensuel de 107.000 pesos (109 dollars), a, elle aussi, fortement augmenté pour atteindre près de 18,1 % de la population.
Parmi les 15,6 millions de pauvres, les retraités font partie des plus touchés. Leur petite pension conjuguée à la hausse des prix empire la situation.

Le mois dernier, un projet de loi visant à augmenter les pensions de retraite a pourtant été voté au Congrès, mais Javier Milei y a imposé son veto, argumentant que la mesure détruirait l’équilibre budgétaire tant recherché.
Après la publication de ces nouveaux chiffres sur la pauvreté, l’exécutif reste sur la défensive.
Le président argentin impute la responsabilité des mauvais résultats aux gouvernements précédents.
Le gouvernement continue également de se targuer des bons chiffres sur le niveau des prix. « Si l’inflation n’avait pas été maîtrisée, la pauvreté aurait atteint plus de 95 % », se défend le porte-parole du gouvernement, Manuel Adorni, sur X.
Mais l’optimisme de la population envers les politiques menées par Javier Milei commence à se tarir. Selon les derniers sondages, la cote de confiance des Argentins envers l’exécutif a baissé de 14,8 % en septembre.

par Marion Torquebiau

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