Europe
Le gouvernement du nationaliste Bart De Wever engage une guerre contre les travailleurs sur fond d’austérité. Ce 31 mars, une première journée test de mobilisation avait lieu contre la réforme des pensions et la flexibilité accrue
du travail.
Peut-être la Belgique est-elle «le pays le plus raté du monde »aux yeux de son premier ministre, le nationaliste flamand Bart De Wever, qui rêve de sécession, mais ses syndicats savent mener une grève. Ce 31 mars, la Wallonie et la Flandre ont vécu au rythme du mouvement interprofessionnel lancé par la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) et la Confédération des syndicats chrétiens (CSC).
En milieu de matinée, une quarantaine de bateaux étaient ainsi stationnés en mer du Nord, faute de pouvoir entrer dans les ports. En Flandre, seul 15 % du courrier a été distribué. À Charleroi, des centres commerciaux – un
secteur plus difficile à mobiliser – affichaient porte close.
Aux aéroports de Bruxelles et Charleroi, tous les avions demeuraient cloués au sol. Les mêmes scènes de piquet de
grève se répétaient sur l’ensemble du territoire.« Ça faisait très longtemps que je n’avais pas connu pareille mobilisation », s’est félicité le syndicaliste Frédéric Michel (FGTB) à Mons auprès du quotidien le Soir.
Les travailleurs dénoncent les premières mesures de régression sociale de la coalition dite Arizona, installée depuis février.
La mobilisation a en ce sens constitué un bon baromètre de l’opposition aux annonces du gouvernement en matière de réforme des pensions, de flexibilité du travail et d’assouplissement des règles de licenciement durant les six premiers mois de contrat.
Sur fond d’austérité, et pour imposer le départ à la retraite à 67 ans à partir de 2030, l’exécutif envisage un « malus
pension » qui réduira le montant des retraites de 5 % pour chaque année prise avant l’âge légal.
Alors que l’âge de départ a déjà été porté à 66 ans le 1er février, le gouvernement de Bart De Wever entend également faire valider une année de travail à partir de six mois cotisés, contre quatre auparavant, et supprimer les régimes spéciaux de pénibilité dans le privé comme dans le public.
Face au patronat, qui estimait que le rapport de force ne pouvait se jouer dans la rue, la secrétaire générale de la CSC, Marie-Hélène Ska, a rappelé que la dégradation du dialogue social tenait davantage aux méthodes du camp patronal qu’à une quelconque rigidité des syndicats :« Lorsqu’un dossier est soumis à la concertation,on constate que le point de départ et le point d’arrivée sont déjà décidés. On nous demande juste d’entériner, (…) ce n’est pas de la concertation ! Les patrons doivent accepter la négociation, notamment autour des conditions de travail. »
La FGTB a quant à elle annoncé « un marathon de résistance », c’est-à-dire un appel à tenir dans la durée, après de premières manifestations en décembre, en janvier et en février qui avaient réuni jusqu’à 100 000 personnes. Avant la grève générale du 29 avril, les enseignants devraient être particulièrement mobilisés la semaine du 7 avril puis être relayés par l’ensemble du secteur public, le 22 mai, et les différentes grèves prévues dans le rail. « On va continuer comme ça au fur et à mesure que les textes seront déposés », prévient la dirigeante de la CSC.
mardi 1 avril 2025
par Lina Sankari